L’école napolitaine, longuement fascinée par le naturalisme et le classicisme, ne s’engage que fort tard dans le courant baroque. Cette dernière partie du parcours retrace comment, à partir des années 1650-1660 et notamment avec Mattia Preti et Luca Giordano, la production artistique napolitaine atteint son apogée grâce à son virage dans le sens du baroque, caractérisé par un dynamisme des formes exubérant, par une vitalité de la couleur et des contrastes lumineux marqués.
Mattia Preti , originaire de la Calabre, s’installe à Naples entre 1653 et le début des années 1660. Ses nombreuses peintures monumentales sont marquées par un sens du mouvement et un dramatisme efficaces, un coloris intense et raffiné, une ambiance lumineuse étrange et vacillante faite d’ombres profondes et d’éclats blafards. Son inspiration naturaliste caravagesque le relie à la tradition napolitaine.
Après une reprise des sujets et de la facture de Ribera, le napolitain Luca Giordano , probablement aiguillonné par l’oeuvre de Preti, met au point dès 1654-55 un style baroque très influencé par Rubens, Pierre de Cortone et les Vénitiens. Sa peinture claire, dynamique et très séduisante s’adapte bien aux grandes commandes décoratives ou religieuses qui lui sont faites à Naples, Florence, Venise et, pour le roi Charles IV, en Espagne.
La nature morte connaît également un âge d’or dans cette période à Naples, grâce notamment à Paolo Porpora , Andrea Belvedere et les Ruoppolo qui insufflent une inspiration baroque à leurs amoncellements exubérants de fruits, de fleurs et de poissons.
À partir des années 1680, Francesco Solimena assure la synthèse entre toutes les tendances qui parcouraient l’école napolitaine : naturalisme, classicisme et baroque. Dans la dernière décennie du Seicento, ses peintures vont se ressentir de l’attrait sur lui du ténébrisme de Preti, tandis que, vers la fin de sa carrière, il s’oriente vers un style plus classicisant en devenant l’un des plus célèbres adeptes en Europe du grand baroque théâtral.