Cette deuxième partie montre comment, dans le sillage de Caravage puis de l’espagnol Ribera, les artistes, souvent formés dans l’environnement d’un maniérisme tardif, se laissèrent peu à peu séduire par les procédés révolutionnaires du naturalisme sans ignorer pour autant l’apport du classicisme issu de l’Ecole des Carrache.
Caravage séjourne à Naples en 1606-1607 et en 1609-1610. Célèbre avant même son arrivée, il répond à plusieurs commandes dans des modalités très novatrices qui impressionnent durablement les Napolitains : il accentue le dramatisme de l’atmosphère déjà prenante et subjective de ses oeuvres romaines. Autour du chef-d’oeuvre et véritable testament artistique de Caravage présenté dans cette section, Saint Jean-Baptiste , sont regroupées des oeuvres majeures de Battistello Caracciolo et Carlo Sellitto , parmi les premiers artistes napolitains à adopter le clair-obscur sculptural et le naturalisme tragique du maître. Mais cette esthétique sombre et tempérée par le classicisme des peintres romains et bolonais – notamment de Guido Reni de passage à Naples en 1612 - leur suggère des rythmes et des expressions apaisés et nobles. Le flamand Louis Finson , installé à Naples de 1605 à 1613, devient l’ami de Caravage dont il achète et copie les oeuvres (notamment la Marie-Madeleine ) et pratique lui-même un caravagisme un peu caricatural mais plein de sève. Il divulguera en France et dans les Pays-Bas le style du maître.
L’arrivée en 1616 à Naples de l’espagnol Jusepe de Ribera , après un séjour de presque dix ans à Rome, marque une nouvelle rupture. Son caravagisme très personnel conçu auprès du milieu cosmopolite romain, se caractérise par une pâte dense et souple, un naturalisme accru du rendu des matières et des corps, des figures populaires très individualisées peintes d’après le modèle vivant, comme dans le Saint André .
Les peintres napolitains subissent rapidement son ascendant. Ainsi, Filippo Vitale , influencé à ses débuts par son maître Sellitto et par Caracciolo, s’oriente au contact de Ribera vers une expression plus directe et forte, comme en témoigne sa Délivrance de saint Pierre , chef-d’oeuvre du musée de Nantes provenant de la collection Cacault.