Paul Delaroche, un peintre dans l'histoire

3 février 2000 - 23 avril 2000

Pavillon du musée Fabre, Montpellier

Paul Delaroche fut un des artistes français les plus célèbres du XIXe siècle. De son vivant, sa notoriété s’étendit à l’Europe entière et pourtant, pour le grand public aujourd’hui, seuls Ingres et Delacroix incarnent les grandes tendances esthétiques de l’époque (classicisme et romantisme). Depuis l’exposition rétrospective qui eut lieu à l’École des Beaux-Arts de Paris en 1857, aucune exposition monographique d’envergure ne lui a été consacré.

Paul Delaroche expose très jeune au Salon qui se tient régulièrement au Louvre. Avec Jeanne d’Arc exposée en 1824, avec La mort d’Elisabeth présentée en 1827 et Cromwell en 1831, il propose une nouvelle vision de l’histoire, narrative et dramatique à la fois, participant à la vogue historiciste de l’époque romantique. Avec un grand sens de la théâtralité et de la psychologie, dans un juste équilibre entre l’objectif et le subjectif, Delaroche choisit l’instant précédant le drame, comme un «arrêt sur image», participant à l’élaboration d’un type nouveau, la peinture de genre historique. Son grand œuvre, l’immense décoration de l’hémicycle de l’Ecole des Beaux-Arts à Paris (1836-1841) qui présente, en une assemblée imaginaire, peintres, sculpteurs et architectes des écoles anciennes, apparaît comme un manifeste.

En 1837, en pleine gloire, Delaroche décide de ne plus exposer au Salon et se consacre à d’admirables portraits et scènes familiales dont les sources sont autant puisées dans la tradition de la Renaissance que dans le modèle d’un réel bonheur familial. Il élabore un langage nouveau, fortement inspiré de Raphaël mais aussi préfigurant le symbolisme par son intensité onirique : L’Enfance de Pic de la Mirandole (1842) et La Jeune  martyre (1855) en constituent de bons exemples.