Claude Viallat, œuvres récentes 1990-1996

24 juin 1997 - 21 septembre 1997

Pavillon du musée Fabre, Montpellier

L’œuvre de Viallat, désormais immense, demeure toujours ouverte, hasardeuse et paradoxale.

C’est vers le milieu des années soixante que Viallat émerge sur la scène artistique française : comme de nombreux artistes de sa génération (Parmentier, Rouan, Buraglio, Kermarrec...), il opte pour l’abstraction, stimulé en cela par sa découverte de la peinture américaine ( Colorfield et Hard Edge ). Il engage alors une analyse critique des codes picturaux traditionnels en énumérant les différents paramètres qui constituent l’œuvre (châssis, toile, forme, couleur...). Annexer de nouveaux matériaux, faire éclater l’espace, mettre en scène le travail du peintre, rechercher l’anonymat, assumer la précarité de l’œuvre etc... sont quelques uns des idéaux du groupe Supports - Surfaces (dont Viallat est un des membres fondateurs), lors de la désormais mythique exposition de l’Arc en 1970. Dès 1966, Viallat avait mis au point son système pictural auquel il est demeuré fidèle: l’utilisation de cette fameuse forme qui lui permit d’un coup d’évacuer le problème de la représentation. L’œuvre de Viallat oscille entre l’aspiration à une certaine démesure, dans un dialogue plus ou moins conscient avec les grands maîtres du passé, et un certain minimalisme dans un constant souci d’ingéniosité artisanale voire de culte délibéré d’une certaine “pauvreté”. Les objets, sans doute moins familiers du grand public, constituent l’autre versant de l’œuvre de Viallat qui y attache une attention toute particulière. Dès 1969 à Limoges, il réalise ses premiers objets: des cordes dont les nœuds sont trempés dans la couleur bleue. L’utilisation de matériaux simples, le côté volontairement artisanal doivent être entendus comme une critique ouverte d’une certaine société industrielle, consumériste et sans vrais repères. La part sensuelle de la peinture, qui tient tellement à cœur à Viallat, est venue contaminer les objets par des procédés de trempage, d’imprégnation ou d’adjonction de couleur: jaune éclatant, rouge vif ou argent, évoquant les luisances les plus kitsch de certains tissus. Les règles que Viallat s’est fixée garantissent durablement sa liberté de peintre lui permettant d’envisager avec optimisme l’avenir, engagé comme il est dans une sorte de présent éternel de la peinture dans lequel les « avancées ne sont que d’infimes déplacements, les grands déplacements, de tous petits écarts… »