François Perrier (1594-1649), Olinde et Sophronie

Depuis septembre 2019, le musée de Reims a fermé ses portes afin de lancer un ambitieux programme de rénovation, avant sa réouverture fin 2023. Durant ces travaux, trois peintures sont déposées au musée Fabre.

Pour peindre Olinde et Sophronie, François Perrier puise son sujet dans un épisode d'une célèbre épopée de la Renaissance, La Jérusalem délivrée, composée par Torquato Tasso, dit le Tasse. Ce récit raconte les aventures de chevaliers francs et arabes durant les Croisades. Olinde et Sophronie sont deux chrétiens vivant à Jérusalem. Durant le siège de la ville par les Croisés, le roi Aladin accuse les chrétiens d'un vol afin d'ordonner leur massacre, pour éviter qu'ils n'ouvrent les portes aux croisés. La belle Sophronie se sacrifie en s'accusant du vol, tandis que son soupirant, Olinde, s'accuse à son tour pour la suivre dans la mort. Les deux jeunes gens sont placés sur un bûcher, que des bourreaux s'apprêtent à l'allumer. A droite, les femmes chrétiennes regardent la scène, terrorisées par l'issue imminente du drame ou admiratives du dévouement des victimes. Le coup de théâtre se produit au second plan : Clorinde, une guerrière persane, propose des renforts au roi Aladin en échange de la vie sauve pour les deux jeunes gens. François Perrier est un important artiste du XVIIe siècle qui résida à deux reprises à Rome et collabora également avec Simon Vouet à Paris. Il exécute sans doute ce tableau lors de son second séjour romain, entre 1639 et 1646. L'influence de l'antique comme de Nicolas Poussin est décisive, et font de Perrier un des fondateur du classicisme français. La composition est en effet parfaitement lisible, et parvient à superposer habilement plusieurs aspects du drame pour en retenir le moment décisif. Le décor évoque la Rome antique bien plus que la Jérusalem médiévale. Les gestes des personnages, très éloquents, rendent le tableau parfaitement lisible : Sophronie exhorte Olinde à se tourner vers le ciel ; un des bourreaux est suspendu aux ordres du roi ; une mère invite son enfant à prier ; Clorinde indique sa volonté de racheter les condamnés. Tous ces éléments contribuent à définir une composition hautement classique, où la peinture se donne pour but de narrer une histoire, afin d’éduquer et de plaire.

Le tableau est exposé en salle 11 – Galerie des Griffons à partir d'octobre 2020

François Perrier (1594-1649)
Olinde et Sophronie
vers 1639-1646
huile sur toile
H. 239 ; l. 322 cm
inv. 977.13.1

Reims, musée des Beaux-Arts