Gustave Courbet, Les Étangs à Palavas

Lors de son second séjour en Languedoc en 1857, en compagnie du critique d’art Champfleury, Courbet diversifie son activité. Durant la deuxième quinzaine de juin, il renoue avec ses habitudes en se rendant du côté de la mer, notamment à Pérols, non loin de Palavas, où se dressent d’humbles cabanes de pêcheurs. Courbet semble fasciné par ces zones marécageuses, encore insalubres à l’époque, bornées à l’horizon par la masse singulière du pic Saint-Loup. Cette fois, Courbet plante son chevalet dos à la mer en direction des étangs et s’intéresse à l’atmosphère où l’eau se confond avec le ciel, où de gros nuages masquent l’azur rayonnant. La pâte picturale des  Étangs à Palavas , plus indécise et floue, avec des surprenants effets atmosphériques, contraste avec le Bord de mer à Palavas , mieux structuré et équilibré.

Cette esquisse conservée au musée Fabre et réalisée sur le motif servit à l’artiste pour l’élaboration de toiles plus ambitieuses comme Souvenir des Cabanes , qu’il réalisa en 1857 pour Emile Mey, un ami d’Alfred Bruyas, résidant à Mireval (conservé au Philadelphia Museum of Art), indéniablement le chef-d’œuvre de cette série, qui résume à lui seul la sauvagerie, l’âpre grandeur et la sourde mélancolie de la nature languedocienne. Cette fois, Courbet regarde du côté de la mer : l’activité humaine est soulignée par les cabanes, la barque et la voile blanche. Ce qui fascine Courbet est l’impression de liberté et d’espace qui se dégage de ce paysage aux portes de Montpellier dont il évite tous les pièges du pittoresque. Le regard du spectateur débouche dans l’espace du tableau et se perd dans l’immensité de l’eau.

Gustave Courbet (Ornans, 1819 - La Tour de Peilz, 1877)
Les Étangs à Palavas
1857
Huile sur toile
H. 37,5 ; L. 46 cm

S.b.g.: G.C [complété par une autre main] ourbet

Inv. 897.1.6

Hist.: legs Marius-Pierre Anterrieu, 1897.