Antoine-Louis Barye, Lion au serpent

Fils d’orfèvre, Antoine-Louis Barye entre en apprentissage chez un graveur sur métaux dès l’âge de 13 ans, avant d’intégrer en 1816, l’atelier du sculpteur François-Joseph Bosio. Admis en 1818 à l’Ecole des Beaux-Arts, il suit les cours de peinture de Jean-Antoine Gros. Il essuie malheureusement plusieurs échecs au concours du Prix de sculpture, qui lui aurait ouvert les portes d’une carrière officielle. Barye gagne sa vie chez l’orfèvre Fauconnier, où il exécute de petites figurines d’animaux, tout découvrant l’art de la fonderie et de la ciselure, qui fera plus tard sa réputation. Libre penseur, Barye complète sa formation en suivant les cours d’anatomie dispensés au muséum d’histoire naturelle ; il devient un familier de la ménagerie du jardin des plantes, où il côtoie Delacroix, qui partage sa passion pour les fauves. De 1827 à 1833, les deux artistes travaillent en commun, assistent à des dissections d’animaux morts dont ils tirent une connaissance hors pair de l’anatomie des félins. Le modèle en plâtre du Lion au serpent est exposé au Salon de 1833 où il connaît un franc succès. Louis-Philippe en commande le tirage en bronze, que toute la critique progressiste, salue en 1836. Théophile Gautier note d’ailleurs que « M. Barye est le premier à oser chez nous décoiffer les lions de cette perruque à la Louis XIV dont les statuaires les affublaient ; il leur a ôté de dessous les griffes cette grosse boule de marbre si ridicule ». Le groupe, placé devant le château des Tuileries, assure le succès de Barye qui en réalise une réduction en 1838, éditée et diffusée pendant toute sa carrière. L’apport de Barye à la sculpture animalière n’est pas seulement celui d’un naturalisme bien documenté : comme ceux de La Fontaine, ces animaux affrontés et combattants ne manquent pas de nous renvoyer aux passions humaines, et font de Barye, l’un des tous premiers artistes romantiques. C’est sans doute ce qui motive le collectionneur montpelliérain Alfred Bruyas qui, à la fin de sa vie, acquiert auprès de l’artiste pas moins de vingt-trois œuvres. Seul sculpteur présent dans sa collection, Barye apparaît ainsi en nombre et en importance au même rang que Delacroix ou Courbet.

Antoine-Louis Barye (Paris, 1796 - Paris, 1875)
Lion au serpent
1872 (1ère éd. 1838)
Bronze
H. 35 ; L. 37 ; P. 20

S.: BARYE (Sur la terrasse)

Inv. 876.3.80

Hist.: Legs Alfred Bruyas, 1876.