A la découverte de la peinture

Ce que l'on voit : la couche picturale

La couche picturale d’une œuvre est composée d’un ensemble de matériaux : un liant, une charge, des pigments et le vernis.

Les pigments constituent la base colorée de la couche picturale. Ce sont des poudres extraites de matériaux naturels, végétal et minéral principalement.
Les pigments les plus anciens sont connus depuis la Préhistoire (peintures rupestres) où reviennent le carbonate de calcium (craie), les noirs de fumée (composés de carbone et obtenus à partir de calcination de matières organiques), les ocres (roche sédimentaire de couleur jaune). Dès l’Antiquité, l’ouverture des routes commerciales entre Orient et Occident favorise de nouvelles techniques et l’apparition de nouveaux matériaux. Par exemple, le vermillon (rouge extrait du minerai de mercure) était utilisé par les Chinois pour leurs sceaux. Le lapis lazuli de couleur bleu outremer est une roche rare présente en Afghanistan, en Russie et au Tibet. Sculpté et poli dans l’Egypte ancienne, il fut employé pour les enluminures au Moyen-âge. De très beaux exemples de l’éclat de cette couleur se voient dans l’Allégorie de la Prudence de Simon Vouet (salle 11) ou dans la Vierge au Lys de Carlo Dolci (salle 13).

Le liant permet d’amalgamer les pigments et de les transformer en une matière homogène. Jusqu’à la Renaissance, les liants utilisés sont des colles animales (colle de peau, de poisson, de bois de cerf), la cire ou l’œuf. Ensuite, l’huile sera majoritairement employée. Elle a l’avantage de sécher plus rapidement par réaction au contact de l’oxygène de l’air. L’huile de lin est la plus répandue. Au XXe siècle, apparaissent des liants synthétiques qui remplacent l’huile, comme les résines vinyliques ou acryliques.

Les charges sont des matériaux ajoutés dans la préparation pour obtenir un effet de brillance ou de matité (talc, kaolin, poudre de marbre..). Leur emploi varie suivant les artistes.

Le vernis est obtenu traditionnellement par dissolution de résines naturelles dans un solvant, le plus souvent de l’essence térébenthine ou de l’alcool éthylique. Il sert à protéger la couche picturale et à donner un effet de brillance à l’ensemble de l’œuvre.

Ce que l’on ne voit pas : la couche de préparation

Derrière la composition et les couleurs d’une oeuvre, l’artiste a posé sur la toile une couche de préparation qui donne la tonalité colorée à la peinture. Elle est choisie par le peintre en harmonie avec ses objectifs esthétiques.
Grâce à de précieuses études, on sait que les peintres de l’école flamande du 17e siècle (Rubens, Van Dyck…) mélangeaient 25 % d’ocre rouge (obtenu à partir de la cuisson de l’ocre naturel jaune) et 75 % de minium (orange vif contenant du plomb). Au musée Fabre, Vénus et Adonis de Nicolas Poussin (salle11) possède une préparation rouge qui donne une tonalité particulière à l’œuvre. On sait que Rembrandt superposait à cette préparation une seconde couche grise composée de 80% de céruse (blanc de plomb), 5 % de noir de fumée et 15% d’ocre jaune, particularité qui donne leur tonalité sombre et brillante à ses toiles. Au XIXe siècle, Gustave Courbet, dans ses premières toiles encore marquées par le romantisme, utilise des préparations foncées. Par contre, ses toiles réalisées dans le Languedoc sont peintes sur une préparation blanche en accord avec la lumière claire du sud de la France (voir La Rencontre ou Le bord de mer à Palavas dans la salle 37).

Ainsi, un tableau est constitué de différentes strates composées de matériaux hétérogènes qui doivent rester en cohésion. Cet équilibre est fragile, sensibilisé par les déplacements de l’œuvre et sujet aux variations de température et d’humidité.Quand l’œuvre est dégradée, il faut faire appel à un spécialiste pour étude et restauration.