Jean-Louis III Imlin, Ménagère à dessert

Cette ménagère à dessert en argent doré, comprenant douze couverts (fourchettes et cuillers) et douze couteaux, constitue un témoignage intéressant pour le département des Arts décoratifs du musée Fabre. Gravée aux armoiries des de Paul, elle a appartenu à cette importante famille protestante de Montpellier au sein de laquelle plusieurs générations se succèdent à la Cour des comptes, aides et finances de la ville au cours du XVIIIe siècle. En 1855, la famille de Paul s’allie à la famille Despous grâce au mariage de Louise Charlotte Fanny de Paul et de Charles Étienne Despous, pour lesquels fut construit, en 1874-1875, l’actuel Hôtel de Cabrières-Sabatier d’Espeyran.

Véritable souvenir de famille, cette ménagère armoriée est une création de l’orfèvre Jean-Louis III Imlin, membre de l’une des plus célèbres dynasties d’orfèvres strasbourgeois. Sa brève mais brillante carrière est marquée par de prestigieuses commandes telles que les pièces du service de table de l’électrice Élisabeth Auguste de Bavière et de Palatinat (Heidelberg, Kurpfälzisches Museum) ou les trois coffres en argent doré pour le nécessaire de voyage de Marie Albertine Louise de Hesse-Darmstadt (The Toledo Museum of Art). Le nom d’Imlin est indissociable de l’orfèvrerie strasbourgeoise du XVIIIe siècle, réputée dans l’Europe entière pour la qualité et la beauté de son vermeil. La dorure éclatante, associée à la richesse ornementale des ouvrages, répond au goût de la clientèle aristocratique qui adopte à cette époque l’étiquette du « service à la française ». Les écuelles couvertes de style rocaille conservées au musée des arts décoratif de Strasbourg, comme la ménagère à dessert, modèle à filets et coquilles, et manches de couteau en crosse, témoignent de la virtuosité de Jean-Louis III Imlin dans le domaine de l’orfèvrerie de table en argent doré.

Dans l’écrin gainé de cuir, cinq couteaux sont insculpés d’un poinçon de maître strasbourgeois non identifié : il est fréquent que les orfèvres s’associent pour la réalisation de commandes importantes. Les éléments poinçonnés du second titre de Paris, années 1809-1819, laissent penser que la ménagère a été réassortie au début du XIXe siècle. En outre, il n’est pas improbable que les armes de Paul, inscrites dans un ovale sobre, sans ornement, aient été gravées à cette époque plus tardive, unifiant l’ensemble.

Jean-Louis III Imlin (Strasbourg, 1722 - 1768), reçu maître en 1746
Ménagère à dessert comprenant 12 couverts et 12 couteaux
3e quart du XVIIIe siècle
Argent doré
Couteaux L. 19,4 cm, poids 80 g ; fourchettes L. 17 cm, poids 51 g ; cuiller L. 17,6 cm, poids 61 g ; écrin H. 12,5 ; l. 39,8 ; P. 22 cm
Inv. 2013.15.1 à 2013.15.37

Hist.: Morlaix, vente étude Dupont, n° 295, 5 août 2013, achat de la Fondation d’Entreprise du Musée Fabre ; don de la Fondation d’Entreprise du Musée Fabre, 2013.