Geneviève Asse

24 novembre 2012 - 10 mars 2013

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Les anciens trouvèrent leur bleu dans le vitrail ou la céramique. Moi, je l’ai trouvé dans la peinture. C’est un sentiment de profondeur et d’espérance réunis. Il est les deux. Et ce n’est pas seulement une couleur ou un sentiment. C’est un langage.
Geneviève Asse, 20 août 1995

Poursuivant son exploration des tendances de l’art abstrait français, le musée Fabre de Montpellier Agglomération met à l’honneur cet hiver l’œuvre de Geneviève Asse.

Parcours d’une artiste libre

Née en 1923 à Vannes, Geneviève Asse découvre à la fin des années 1930 au musée du Louvre les natures mortes de Chardin, œuvres qui lui enseignent l’art de la composition et la sobriété de la palette colorée. Elle intègre l’École des Arts décoratifs et l’École du Louvre en 1940, et peint ses premières natures mortes.
En 1941, elle participe au Salon des moins de trente ans, avec des œuvres manifestes de sa première facture, aux tons sombres et cernes appuyés délimitant le contour des objets. Sa rencontre avec Jean Bauret, un industriel du textile, collectionneur et mécène, va changer sa vie de peintre : il met à sa disposition un atelier, ce qui lui permet de travailler à de grands formats. Jean Bauret la présente à la galeriste Jeanne Bucher et aux artistes qu’il soutient : Nicolas de Staël, Serge Poliakoff et Bram van Velde.
Conseillée par Othon Friesz, elle côtoie le groupe de l’Échelle en 1942, réunion de jeunes peintres travaillant autour de la nature morte. Dans l’atelier de la rue de la Grande-Chaumière, accessible par une échelle, Geneviève Asse, un peu à l’écart, crée ses premières natures mortes autour de boîtes empilées, disposées dans l’espace.
Elle gagne sa vie grâce à une commande de maquettes de tissus pour les soieries Bianchini-Ferrier, où elle développe des motifs plus figuratifs : pichets, poissons... À la suite de cette première expérience, Geneviève Asse, tout au long de sa carrière, expérimentera diverses techniques, de la gravure au vitrail.
La guerre, dans laquelle elle s’engage, constitue une vraie parenthèse dans son travail d’artiste.
Elle participe en 1946 au Salon d’Automne, peint avec une grande économie de moyens. Son voyage en Sicile et Calabre en 1948 est peut-être déterminant dans le changement de palette qui va s’opérer à cette période.
La galerie Michel Warren présente sa première exposition personnelle à Paris en 1954.
De la production de natures mortes et de paysages - elle qui n'a que très peu retracé la figure humaine - son art évolue très sensiblement au tournant des années 1960 vers une abstraction totale où les quelques notations figuratives disparaissent au profit d'un travail sur la ligne. La recherche de la lumière et de la transparence, constitue alors l'essentiel de ses recherches picturales, autour de deux couleurs principales, le bleu et le blanc, agrémentées parfois de rouge. Au fil des années, les toiles bleues ont créé un vocabulaire propre, et le Bleu Asse peut aujourd’hui être défini, tant il est unique, à la manière du Bleu IKB d'Yves Klein ou du Noir de Pierre Soulages.

Au Musée Fabre

De 1948 à aujourd'hui, le parcours présente une vingtaine d’œuvres, dans les salles contemporaines des collections permanentes, de formats très variés, allant de petites toiles (18 x 10 cm), à des formats monumentaux (205 x 164 cm), toutes issues de l’atelier de l’artiste.
L'exposition s'ouvre sur une œuvre emblématique dans la pratique picturale de Geneviève Asse, Boîtes bleues (1948, collection de l'artiste) qui condense ses recherches sur la nature morte.
Par la suite, les tableaux de Geneviève Asse s’éloignent de l’objet progressivementjusqu'à une abstraction totale où la couleur et la ligne sont autant de sujets d'expérimentation et parfois de confrontation physique à la toile de grande dimension.

Le passage

Le passage est une question clé chez Geneviève Asse qui utilise l’ouverture verticale, le trait central, comme un point de contact entre les couleurs, les nuances, ou au sein même d’une couleur unie, départagée par ce passage. Cette séparation n’est pas sans rappeler certaines toiles de Barnett Newman telleShining Forth (to George) (1961, collection du Musée national d’art moderne), où le « zip », cette trace verticale peinte traduit une ouverture vers le sublime et définit l’espace pictural, le séparant et l’unifiant simultanément. Chez Geneviève Asse, ce passage se forme souvent par le biais d’un réglet métallique (parfois ce réglet reste collé à la surface picturale et devient in fine partie intégrante de la toile).
Le mélange des tons, l’harmonie qui se dégage de certaines des œuvres de Geneviève Asse ne sont pas étrangers à sa pratique picturale même : l’huile posée par des brosses larges, recouvrant progressivement, en transparence, les couches précédentes, forme une surface sensible, vivante.
Bibliographie sélective :

  • Daval, Jean-Luc, Viatte, Germain, Geneviève Asse , Genève, Paris, Skira, Rennes, Musée des beaux-arts, 1995.
  • Baron Supervielle, Silvia, Un été avec Geneviève Asse , Paris, L’Echoppe, 1996.
  • Baron Supervielle, Silvia, Leymarie, Jean, Le Saux, Marie-Françoise, Geneviève Asse : peinture , Plomelin, Palantines, 2004.
  • Baron Supervielle, Silvia, Coudert, Marie-Claude, Salomé, Laurent, Geneviève Asse : exposition, Rouen, Musée des beaux-arts, 27 novembre 2009-28 février 2010, Paris, Somogy, Rouen, Musée des beaux-arts, 2009.