Des oeuvres d’art passées sous X

Dans le cadre de la campagne de restauration de 2011, le musée Fabre de Montpellier Agglomération a sollicité la Clinique du Parc à Castelnau-le-Lez pour des prises de vue en rayon X et scanner. Le lundi 6 juin 2011, deux tableaux et une sculpture ont été ainsi analysés, sous rayons X pour les tableaux et par un scanner pour la sculpture. Ces examens, qui permettent de comprendre comment est constitué l’objet sous les couches de surface qui font obstacle, sont nécessaires à la restauration et à la conservation des oeuvres.

L’imagerie médicale au service de l’art

A l’origine, l’imagerie médicale permet de créer une représentation visuelle intelligible d’une information à caractère médical. Plus globalement, elle s’inscrit dans le cadre de l’image scientifique et technique, en offrant la possibilité de représenter, sous un format relativement simple, une grande quantité d’informations issues d’une multitude de mesures acquises selon un protocole bien défini. C’est cette même technique qui est utilisée pour analyser les oeuvres du musée Fabre de Montpellier Agglomération.

Un appareil de radiographie conventionnelle sera utilisé pour les deux tableaux, en adaptant le dosage des rayons X aux oeuvres d’art. Avec cette technique, on obtient des projections sur plan. La radiographie rend compte de l’état de conservation de l’oeuvre, ainsi que de la présence de certains pigments constitués d’éléments de poids atomique important. La statue, quant à elle, sera analysée par un scanner qui permettra une reconstitution des images en 3D grâce aux coupes millimétriques. La Clinique du Parc, entreprise qui participe à la vie de la cité, s’est associée spontanément à cette initiative pour l’étude d’oeuvres d’art.

Les oeuvres étudiées

  • Portrait de Lorenzo de Medicis , 16e siècle, d’après Raphaël

L’examen radiographique a pour objectif de vérifier le réseau des galeries des insectes xylophages, qui semble important. Cela aide à déterminer le degré de consolidation nécessaire au niveau du support en bois, et de voir si la couche picturale repose sur un support vide de matière ou pas. De plus, la radiographie permet de voir si un dessin préparatoire existe sous la couche picturale.

  • Guirlande de fleurs autour d’une vue de la grotte au Pausilippe , Fleurs : 17 e siècle, école flamande (fleurs), médaillon central : 18 e siècle, école française

L’oeuvre est rentoilée et agrandie en périphérie. Il s’agit ici de vérifier la présence de la toile, et de voir sa trame au niveau des bandes d’agrandissement. La composition du milieu est apparemment plus tardive et de la même main que la composition des fleurs. La radiographie est utile pour avoir un peu plus d’informations sur l’histoire de cette restauration, qui devrait dater du 18e siècle.

  • Neptune qui surmonte la Place du Grand-Duc à Florence, école italienne du 16 e siècle

Cette sculpture en cire patinée a une structure en métal, qui est ici observée avec un scanner. La patine est composée de différents pigments, mélangés à des particules métalliques, habituellement du

bronze. Le restaurateur Didier Besnainou et Volker Krahn, Conservateur au musée de Berlin, pensent à des particules d’or.

Objectifs

Les peintures

Les deux peintures étudiées, Portrait de Lorenzo de Medicis et Guirlande de fleurs autour d’une vue de la grotte au Pausilippe , seront ensuite restaurées dans le but de purifier la couche picturale et enlever les anciennes restaurations débordantes.

Portrait de Lorenzo de Medicis d’après Raphaël

Restauration par Anne Baxter

Guirlande de fleurs autour d’une vue de la grotte au Pausilippe , écoles flamande et française

Restauration par Sylvia Petrescu et Hervé Giocanti

La restauration permettra d’améliorer la lisibilité de l’oeuvre et de mieux la documenter. Les anciennes interventions d’agrandissement du tableau seront cependant conservées.

La sculpture

Neptune qui surmonte la place du Grand-Duc à Florence, école italienne

Restauration par Didier Besnainou, spécialiste dans la restauration des oeuvres en cire

La restauration est achevée. Le scanner aidera ici à connaître l’auteur de cette sculpture. On déterminera notamment s’il existe ou pas un socle à l’intérieur du socle actuel pour définir les similarités avec les pratiques d’un artiste. L’objectif de l’opération est également de connaître la composition de la patine, qui pourrait contenir des particules de métal.