Michel Parmentier, Sans Titre, 8 novembre 1967

« J’ai peint de 1965 à 1968, des bandes horizontales de couleur unique de 38 cm de largeur, qui alternaient avec les bandes (de même dimensions, blanches) de la toile protégée de la projection de peinture (bombe ou pistolet) par un pliage préalable, puis rendues apparentes par le dépliage. »

(Michel Parmentier, lettre à François Mathey, 16 mars 1972).

L’acquisition de Sans titre, 8 novembre 1967 , œuvre désormais rare et en parfait état de conservation, est une occasion exceptionnelle de compléter le fonds de peintures contemporaines du musée Fabre avec une œuvre témoignant de l’un des moments les plus radicaux de la peinture en France. Michel Parmentier est en effet l’un des fondateurs du groupe B.M.P.T. créé en 1966 avec Daniel Buren, Olivier Mosset et Niele Toroni. Les quatre artistes exécutent alors une peinture systématique et impersonnelle remettant en cause l’importance du geste. Ils aspirent à atteindre « le degré zéro de la peinture » et déclarent publiquement en 1967 : « nous ne sommes pas peintres ». Cette attitude iconoclaste et révolutionnaire aura un impact considérable sur la scène artistique française et internationale.

Michel Parmentier joue un rôle fondamental au sein de sa génération tant comme passeur que meneur d’une nouvelle manière de concevoir la peinture. Il découvre l’abstraction américaine lors d’un voyage à New York en 1961, puis au pavillon américain de la Biennale de Venise de 1966. Inscrit à l’École des beaux-arts de Paris dans l’atelier du peintre Roger Chastel, il est alors proche des peintres Pierre Buraglio et Claude Viallat, ce dernier l’invitant en 1966 à participer à l’exposition désormais historique « Impact I » qu’il organise au musée de Céret, et qui joue un rôle central dans la genèse du mouvement Supports/Surfaces.

A partir de 1965, Michel Parmentier peint des toiles couvertes de bandes horizontales monochromes, de 38 cm de haut -  Daniel Buren, lui, exécute des bandes verticales de 8,7cm –  qui alternent avec des bandes blanches identiques. Cette peinture méthodique est réalisée grâce à la technique du pliage déjà explorée par Simon Hantaï au début des années 1960. Ces peintures radicales sont extrêmement rares car réalisées sur une courte période de trois années au cours desquelles il modifie chaque année la couleur des bandes : bleues en 1966, grises en 1967, rouges en 1968 : « la couleur ne changeant arbitrairement d’une année à l’autre que pour ne pas se charger d’une signification : préférentielle ou symbolique » Parmentier cesse son activité de peintre au cours de l’année 1968, et ce jusqu’en 1983 où il se remet à la peinture. Renonçant au geste en faveur d'une trame anonyme, qui devient une pure signalétique visuelle, sa démarche est liée à une critique profonde du monde de l'art, de ses valeurs et de son mode de fonctionnement. Elle incarne sa volonté de dénuer l'œuvre de toute subjectivité, en accord avec la pensée de Daniel Buren qui écrit en 1969 : « La peinture ne devrait plus être la vision/illusion quelconque, même mentale, d'un phénomène (nature, subconscient, géométrie...), mais visualité de la peinture elle-même. ».

Michel Parmentier (Paris, 1938 – id, 2000)
Sans Titre, 8 novembre 1967
Signé, daté et tamponné au dos 8 nov.1967 GJF 110
Laque sur toile
H. 245.5 cm ; L. 229 cm

Expositions :
Michel Parmentier – Peinture 1962-1994, galerie Jean Fournier, Paris, 15 mars – 21 avril 2007
Michel Parmentier, peintures 1961 – 1968, galerie Jean Fournier, Paris, 25 novembre 2010 – 8 janvier 2011.
Dix ans de la donation Albers-Honegger, Espace de l’Art Concret, Mouans-Sartoux, 21 juin – 1 septembre 2014